Janvier 1990, sur les pentes enneigées d’Avoriaz souffle un vent froid comme la mort, en cause, l’adaptation cinématographique du roman “Simetierre” de Stephen King. La réalisatrice américaine Mary Lambert avec “Pet Sematary” (littéralement, le cimetière des animaux) donne vie au cauchemar subi par la famille Creed et va du même coup, traumatiser la station savoyarde. Les spectateurs du festival d’Avoriaz, lui décerneront un prix du public justifié. Malheureusement, le succès en salle restera mitigé avec moins de 380.000 entrées en France, qu’importe, la vidéo donnera au film, un second souffle. Depuis, le long-métrage trimballe sa réputation de petit classique de l’horreur même s’il n’est pas forcément à la hauteur du roman de King, considéré, il est vrai comme l’un des meilleurs bouquins du romancier. Un peu poussiéreux à la revoyure, le film de Mary Lambert méritait-il un remake ? Une question que le duo américain Kevin Kölsch et Dennis Widmer a dû maintes et maintes fois se poser. Comment passer après une oeuvre devenue une petite référence ? Comment ne pas dénaturer le matériau d’origine ? Tout est une question d’humilité et de passion. Au vu du résultat final de ce “Simetierre”, cuvée 2019, les deux réalisateurs ont montré leur passion du genre et leur humilité face à l’oeuvre de Stephen King. 30 ans après, l’ambiance morbide est plus que jamais au rendez-vous. Fuyant le tohu-bohu de Boston, la famille Creed, Louis, le père (le toujours génial Jason Clarke), la mère (Amy Seimetz), leur fille de sept ans Ellie et le petit Cage, sans oublier le chat Church, s’installent à l’orée d’un bois dans la campagne du Maine (cher à Stephen King). Les Creed aspirent à une vie plus tranquille, mais c’est sans compter sur cette satanée route nationale trouant la forêt jusque devant leur maison. Jour et nuit, un ballet d’énormes poids lourds fendant la route mettent à mal le calme bucolique des lieux, sans compter sur ce mystérieux cimetière où les enfants du coin enterrent leurs animaux de compagnie. Les premières minutes sont là pour nous rappeler que durant 1h30 environ, rien ne va se passer dans la joie et la bonne humeur. La mort rôde, elle peut surgir à tout moment, car le sujet principal de “Simetierre” est bel est bien la mort, la mort dans tous ses états, surtout les plus effrayants. Un récit des plus malsains, se permettant quelques fulgurances visuelles impressionnantes, (comme le cortège mortuaire d’enfants grimés pour l’occasion de masques d’animaux), accompagnée d’acteurs impliqués, (mention spéciale au voisin des Creed, le vieux Jud joué par John Lithgow dont l’aura mystérieuse renforce le malaise), le tout accentué par un suspens tendu comme un arc, font de ce “Simetierre” (2019) une belle réussite fidèle, (à quelques exceptions près) et plutôt respectueuse, du ténébreux cauchemar du "King" de la littérature fantastique !